Texte et mise en page Alain Hénaff
Photos RICM, Gilles Chiron, Alain Hénaff
Le vendredi 8 juin dernier, pour la première fois, une cérémonie du Souvenir à la mémoire de tous nos camarades tués au combat ou décédés lors des opérations militaires d'Afrique du Nord (1954-1962) ou des opérations extérieures (1977-2007) s'est déroulée au RICM. A cette occasion, au cours de la prise d'armes, deux plaques commémoratives furent inaugurées par le colonel Garnier, chef de corps, et le général de division Collignon, président national des Anciens du RICM.
Une fois de plus, au travers de ses différentes unités, le Régiment n'a pas ménagé sa peine pour que cette journée du Souvenir soit une réussite et que les Anciens accueillis et présents ce jour-là puissent mesurer combien notre grande famille demeure soudée par de véritables liens de respect, d'estime et de camaraderie. Reconnaissance et remerciements donc au colonel Garnier et à tous ceux qui ont oeuvré de près ou de loin pour le succès de cette journée.
Concernant les Anciens, toutes générations du feu confondues, une cinquantaine d'entre eux avait fait le déplacement vers Poitiers, venant des quatre coins de l'hexagone; toutes les Sections de l'ANA étaient donc représentées. Pour le plus grand nombre, les retrouvailles eurent lieu dès le jeudi après-midi et se prolongèrent même après le repas du soir, pour les nostalgiques des veillées en popote. Grand moment de convivialité donc au 2e escadron où les Anciens furent reçus par le capitaine Rietsch, jovial et tonique commandant d'unité. Le général Collignon était bien évidemment parmi nous, qui commandait les Bucentaures il y a tout juste 40 ans ! Après les échanges inter-générationnels vint le temps du chant ! Quel bonheur ! Quel plaisir de retrouver au fil des minutes des paroles oubliées parfois depuis si longtemps ! Tout le répertoire n'a pas été revisité mais... allez, ils ont encore du coffre les Anciens !
Vendredi matin... la journée promettait d'être belle... elle le fut !
Dès l'heure du premier rassemblement de la journée, chacun retrouvait l'escadron cher à son coeur ou à ses souvenirs. Sans aucun doute possible, le grand moment de cette activité matinale se produisit au 2e escadron où deux grands Anciens se retrouvèrent 62 ans après avoir servi et combattu dans le même peloton. Martial Bobin et Georges Le Courtois avaient participé à la transformation du RICM en corps blindé, débarqué en Provence et participé aux différents combats du Régiment jusque dans le Doubs où leur chemin se séparèrent. En effet, en octobre 1944, Georges Le Courtois fut capturé par l'ennemi et termina la guerre dans un stalag, près de Leipzig, alors que Martial Bobin plus chanceux atteignait le Rhin et posait pour une photo devenue légendaire ! L'émotion était au rendez-vous pour nos deux grands Anciens mais aussi pour tous les spectateurs privilégiés de ce vivant et éclatant témoignage de la fraternité que l'on trouve dans nos rangs !
Un peu plus tard dans la matinée, devant un public inévitablement intéressé, le colonel Garnier présentait le RICM d'aujourd'hui avant de convier l'assistance à rejoindre le 3e escadron.
Outre une présentation de matériels utilisés au Régiment, cet escadron commandé par le capitaine Bouffard avait organisé une démonstration dynamique de la réduction d'un "check point Eni". L'honneur de "plancher" devant ses Anciens revenait à un brillant sous-officier chef de peloton, l'adjudant Sagard. Ordres radio clairs, 10RC à la masse impressionnante, débordement des "portés", rafales, fumées... Dans la simplicité de cet exercice transparaissaient rigueur et cohésion ! Pas vraiment surprenant lorsque l'on sait que cet adjudant et son peloton viennent de conquérir avec brio le record national de tir niveau 3 (résultat Alpha 37) ! Dignes héritiers des blindés colo d'hier et d'avant-hier !
L'heure du recueillement et du souvenir arrivant, les Anciens rejoignaient la place d'armes du quartier Ladmirault où les escadrons se mettaient en place pour la cérémonie. Pour la circonstance, ceux qui avaient participé aux opérations militaires d'Afrique du Nord ou aux OpEx constituaient un carré au milieu du dispositif.
Après le cérémonial traditionnel (accueil du drapeau, hymne national, présentation au chef de corps), le colonel Garnier remettait à notre camarade André Golfier (3S) l'insigne de chevalier de l'Ordre National du Mérite.
Ensuite, le chef de corps rappelait le sens de l'engagement et le souvenir de ceux qui firent le sacrifice de leur vie sur les différents théâtres d'opérations depuis la fin du conflit indochinois. Après cette brève allocution, le général Collignon et le colonel Garnier dévoilèrent deux plaques commémoratives : l'une reprenant les batailles inscrites dans les plis du glorieux drapeau, l'autre rappellant ceux de nos camarades qui, servant au RICM, perdirent la vie "POUR LA FRANCE" au cours des opérations extérieures conduites depuis 1977. Alors que retentissait la sonnerie "Aux Morts", ces noms gravés dans le cuivre prenaient une autre dimension et évoquaient, pour nombre d'entre nous, des visages familiers, des souvenirs communs... à jamais préservés de l'oubli ! Pour les familles présentes des morts récents de Bouaké, cette commémoration représentait bien naturellement davantage encore !
Pour conclure magistralement cette intense matinée, Anciens et Marsouins d'aujourd'hui se retrouvèrent dans le gymnase pour un repas commun.
Après quelques mots du chef de corps, le général Collignon prenait la parole et demandait à tous d'avoir une pensée pour le commandant Marcel Audouit décédé à la fin de la semaine précédente (cf. article). A sa mémoire, nous avons chanté "les poulets", sa chanson fétiche ! Avec humour, il incitait ensuite les jeunes marsouins quittant le corps à la fin de leur contrat à rejoindre l'Amicale des Anciens, sans attendre 62 ans pour retrouver l'ambiance du Régiment ! Enfin, il remettait la Médaille du RICM à Monsieur Demassieux, un Ancien de la Campagne de France.
Pour en finir avec le protocole qui, avouons-le, aura été des plus brefs, le capitaine (er) Gilles Chiron, au nom de la 4e Section, offrait au Régiment un historique du RICM (période 1914-1930) .
Comme il est dit que tout finit par des chansons, il ne restait plus qu'à "faire la poussière" et entamer ce repas de corps qui fut comme à l'accoutumé des plus animés et des plus joyeux. Les escadrons, comme toujours, rivalisant d'ardeur dans leur volonté de "mettre tout le volume" nécessaire à la diffusion de leurs répertoires respectifs ! Avec bien évidemment un renfort et une participation des plus actives de la part des Anciens stratégiquement répartis sur l'ensemble du dispositif !
Une fois encore, au sein de leur Régiment, les Anciens ont vécu quelques heures inoubliables faites de souvenirs, d'échanges et de rires... car bien évidemment un Marsouin, même dans l'adversité, n'est jamais triste !