Texte, photo et mise en page Alain Hénaff
Un grand Ancien de la chevauchée du RICM, de la Méditerranée jusqu'au coeur de l'Allemagne, nous a quitté. Notre camarade Martial Bobin s'est éteint chez lui le samedi 13 octobre 2007, à 84 ans. Sa fidélité désintéressée au régiment et au drapeau aura été sans faiblesse. Il y a un mois à peine, lors des Portes ouvertes au quartier Ladmirault, il nous honorait encore de sa présence et nous gratifiait de son sympathique sourire.
Ce mercredi 17 octobre 2007, nombreux donc étaient ceux qui avaient tenu à accompagner Martial Bobin jusqu'à sa dernière demeure et soutenir ainsi le chagrin et le deuil de son épouse Ginette, de ses cinq enfants et de tous ses petits-enfants. Les Anciens du RICM leur adressent de sincères condoléances en leur assurant que dans la famille du RICM notre Ancien ne sera jamais oublié.
Cette seconde famille que Martial Bobin avait rejoint dans son désir et sa volonté de libérer la France occupée était présente aujourd'hui. Avec le chef de corps, le colonel Garnier, avec une délégation d'officiers, de sous-officiers et de marsouins du régiment. Présente également au travers des membres de la 4e section dont Martial Bobin avait été le porte-drapeau pendant quatre ans. Présente également avec l'un de ses camarades de combat du 2e escadron, Georges Le Courtois dont l'émotion et la tristesse pouvait se lire sans peine sur le visage.
Martial Bobin était un homme discret et modeste et, comme tel, ne revendiquait aucun privilège particulier. Il méritait pourtant bien l'insigne honneur qui lui a exceptionnellement été rendu : accompagnés par 14 drapeaux d'associations patriotiques, quatre caporaux-chefs du 2e escadron ont porté son cercueil pour ce dernier voyage jusqu'au caveau familial, dans le cimetière de Buxerolles.
Martial Bobin a rejoint pour l'éternité ses camarades tués en Provence, dans la Boucle du Doubs, sur le Rhin ou sur une piste indochinoise. Dans nos coeurs il restera, comme tant d'autres, un généreux soldat auquel la France dut un jour sa liberté.
Président de la 4e section de Anciens du RICM
Martial Bobin
Tu es né le 31 octobre 1923 à La Ferrière-Airoux, dans Sud de la Vienne. Après ta scolarité à Saint-Romain-en-Charroux, tu travailles à la ferme à Savigné.
Tu n'as que 18 ans lorsqu'en 1941 n'acceptant pas la présence des Allemands sur le sol français, tu décides de t'engager le 9 décembre de la même année au titre du RICM que tu rejoins au Maroc au début de l'année suivante.
Au cours de l'année 1943, tu participes à la transformation du Régiment d'Infanterie - en Régiment de Reconnaissance et tu reçois une affectation au 2e escadron comme conducteur de half-track.
Le 29 octobre 1943, tu quittes le Maroc avec ton unité qui s'installe quelques mois en Algérie avant le grand retour vers la France le 21 août 1944. Là, avec ton escadron, tu débarques sur les plages de Provence à La Nartelle, près de Sainte-Maxime pour combattre l'envahisseur et tu prends part à la libération de Toulon les jours suivants.
Début septembre 44, tu participes à la chevauchée et à la remontée du RICM vers l'Alsace. Après les durs et meurtriers combats dans lesquels le RICM est engagé dans le Doubs et en Alsace - à Villars-sous-Ecot, Seppois, Suarce et Mulhouse - tu atteins le Rhin avec l'avant-garde du RICM à Rosenau. Tu participes enfin aux derniers combats en Allemagne à Karlsruhe et à Khel en avril 1945.
Après quelques mois d'Occupation en Allemagne et une nomination au grade de caporal, tu embarques pour l'Indochine avec le 2e escadron et rejoins Saïgon fin décembre 1945. Avec ton escadron, tu participes à de nombreuses opérations qui contribueront à la pacification du Sud Annam. Fin mars 1947, tu termines 15 mois de séjour en Extrême-Orient et ta courte carrière militaire avec le grade de caporal-chef.
De retour dans la Vienne, après avoir bien servi la France, tu trouves un emploi de conducteur de poids-lourds. Tu exerceras ce métier pendant 20 ans, avant d'être employé à Poitiers dans l'administration d'organismes sociaux.
Pour la 4e Section des Anciens du RICM dont tu étais un membre actif de la première heure et plus particulièrement comme porte-drapeau pendant quatre années, tu as toujours participé avec rigueur et bonne humeur aux nombreuses prestations.
Régulièrement tu venais au RICM voir les jeunes marsouins et en particulier ceux du 2e escadron qui se souviendront de tes retrouvailles en juin de cette année avec ton compagnon de combat Georges Le Courtois que tu n'avais pas revu depuis novembre 1944.
Aujourd'hui il est venu de Bretagne pour te dire au revoir.
Dernièrement tu étais encore parmi les marsouins du RICM cher à ton coeur pour les journées Portes ouvertes au début de ce mois.
Tu étais titulaire de la Croix du combattant, de la Médaille coloniale avec attache Extrême-Orient, de la Médaille commémorative de 39-45, de la Médaille commémorative de la Libération avec 4 agrafes, de la Médaille commémorative d'Indochine, de la Médaille de la reconnaissance de la Nation, de la Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre, de la médaille commémorative Rhin et Danube, de la Médaille du RICM et de la distinguish-Unit à titre personnel.
Enfin j'ai pu, comme beaucoup de gens qui t'ont côtoyé au cours de ces dernières années et de ces derniers mois, remarquer tes qualités d'homme sincère, franc et loyal, de mari attentif et de père aimant.
Tu nous quittes aujourd'hui Martial, tu vas trouver le repos et la paix. Ta famille plongée dans le deuil te pleure et nous nous inclinons devant sa douleur.
Au nom de tous ceux qui sont ici présents, de tous ceux qui t'ont aimé et apprécié, je t'exprime, mon cher Martial, toute notre reconnaissance pour les services que tu as rendus au 2e escadron du RICM, à l'Armée et à la Patrie.
Tous les Anciens combattants, Anciens de Rhin et Danube, tous les cadres et marsouins et Anciens du RICM t'adressent un dernier ADIEU.