Textes Walter Vester et Milou Bagarry
Photos 7e section et RICM
Comme en 1998 puis en 2003, les Anciens du RICM se sont rassemblés à Fréjus pour rendre hommage à leurs camarades tombés en Indochine. Jumelée avec les festivités annuelles de Bazeilles cette commémoration a été l'occasion, pour une trentaine d'entre eux, d'un séjour de trois jours sous le soleil de Provence.
Samedi 30 août
Les participants ayant opté pour un logement à l'IGESA s'installent au camp Destremau et les équipes de co-voiturage se constituent.
A 15 h 45, ils retrouvent au Mémorial des Guerres d'Indochine (érigé - mais faut-il le rappeler ? - par notre grand Ancien le général Jean Pascal, récemment disparu), monument pavoisé et fleuri par les soins de la municipalité de Fréjus, leurs camarades du Var et des Alpes Maritimes venus en voisins, la délégation du corps actif conduite par le colonel François Labuze ainsi que le général Francis Tosi représentant le maire de Fréjus. Deux drapeaux sont en place, le nôtre, porté probablement une dernière fois par Félix Micaëlli et celui des Combattants de moins de vingt ans de Marseille porté par notre ami Gaston Rozat. La cérémonie peut commencer.
16 h 00... Dans son allocution, notre président, le général Jean-Gabriel Collignon, retrace les sacrifices consentis par nos anciens au cours des dix années de présence du RICM sur ces terres lointaines et insiste sur notre devoir de mémoire. Si l'assistance est plus clairsemée que les fois précédentes sa ferveur n'en est pas moins grande. Il procède ensuite au dépôt de gerbe avec le colonel François Labuze et, après les sonneries réglementaires, invite l'assistance à visiter la crypte où notre association a sa plaque depuis quelques années déjà.
A l'issue, départ de la colonne pour La Nartelle où nous attendent nos amis de Sainte-Maxime. Bref et inutile moment d'angoisse dans le premier embouteillage de la route côtière : ça roule et nous serons même en avance à la Stèle du Débarquement; le temps de prendre un pot à la "paillote" voisine...
18 h 00... La municipalité ayant bien fait les choses la cérémonie se déroule sans anicroche. Dépôt de gerbes par le maire, le général Jean-Gabriel Collignon et le colonel François Labuze, suivi d'une allocution des deux premiers. Les associations locales étant venues en nombre, nous nous sommes sentis beaucoup moins seuls qu'à Fréjus (aucune association patriotique présente ou représentée par un drapeau !) et leur avons promis de nous revoir le 15 août 2009. Retour sur Fréjus pour un regroupement au camp Destremau.
20 h 00... Mise en place difficile, comme toujours, tant l'instinct grégaire des jeunes (ou anciens ?) est grand, pour le "repas de corps" avec nos camarades de Poitiers. Une fois de plus monsieur Bombre et son équipe ont su nous satisfaire et nous avons passé une bonne soirée couronnée, comme il se doit, par un vigoureux hymne afin que les niçois puissent rentrer chez eux avant l'appel de retraite...
Dimanche 31 août
Raid lacustre
En ce dimanche ensoleillé nous avions programmé une sortie dite "touristique" et Milou Bagarry nous attendait à l'embarcadère de Port Grimaud pour lancer notre peloton de vedettes "électriques" dans la reconnaissance de la lagune.
Voici ce qu'il en a retenu :
Pour ne pas faire mentir l'Ancre, pour affirmer notre amour du large, c'est en conquérants que Port Grimaud a vu débarquer (avant d'embarquer... essayez de suivre !) une trentaine de marsouins. Exceptionnel : de l'Igesa de Fréjus au parking de la cité, née au fond du golfe de Saint Tropez il y a à peine deux décennies... aucun équipage ne s'est perdu ! Fallait le faire. Ce fut fait !
Pas de temps à perdre sitôt la cohorte regroupée près du kiosque, quelques marches à descendre pour prendre place à bord des barquettes électriques, modernes gondoles, sans gondolier à chapeau, ni barcarolle, ni sièges de velours rouge... Port Grimaud n'est pas Venise. C'est plus petit, plus intime, plus net et ça sent le propre ! Carte du parcours en mains, les équipages dûment sélectionnés et à 5 par embarcation, allèrent vivre une mini aventure au milieu de bateaux superbes, amarrés directement au bout de la terrasse privée flanquant chacune des maisonnettes. Le rêve quoi ! Mais, quelque peu inhabiles, impressionnés par leur responsabilité de maître à bord, les pilotes improvisés durent, sans coup férir, mettre en route, prendre le cap, passer par le tunnel aménagé sous une rangée de maisonnettes sans heurter les parois, déboucher à l'air libre (ou plutôt) en pleine lagune et tenter d'aller droit... Les sept barquettes réussirent cet examen... de passage ! Cependant, ayant autrefois dévoré Arthur Rimbaud, le pilote de la gondole "amiral", fit preuve de plus d'érudition que de maîtrise et zigzagua tant et plus. Le bateau ivre, pardi ! Pour sa défense il argua qu'ainsi il allongeait le parcours diminuant le prix de la location. On lui pardonna après qu'il eut passé la barre à son voisin de banc (venu de la Manche 50300, un comble !). Eaux d'un calme absolu, paysage surprenant, soleil doré sur les façades colorées, une toute petite brise de mer - cela va de soi - des coques qui rentrent, deux ou trois qui appareillent dans le grand canal... Nous rasons le lac intérieur et embouchons le canal oriental pour longer la grand-rue donnant sur la plage ; le "pilote" vise le pont entre la place des artisans et la place du marché; des touristes se demandent quelle peut être cette armada...on passe au ras de l'église toute pimpante, virons à bâbord pour passer sous un troisième puis un quatrième pour surgir dans les fossés est. Encore un pont, l'écurie est là, de l'autre côté. Moteur au point mort, très confirmés désormais, les maîtres de manœuvre accostent avec élégance ( ou presque). Croisière terminée. Quatre, cinq, six... barquettes sont là. Ne manque que la septième qui, prise du mal de manège, a fait deux fois le tour de l'îlot de l'église mais a réussi, quand même, à trouver "la sortie".
Il est presque l'heure de passer à table. Deux ponts à gravir (eh oui, ils sont en dos d'âne mais rien à voir avec celui du Rialto). Direction place du marché où nous attendent nos tables... à la Guitoune ! Pouvions pas manquer cette adresse-là ! Apéritif sur la terrasse histoire de jouir du spectacle des chalands (les piétons, pas ces grosses barcasses fluviales) parlant toutes les langues et faisant le bonheur des marchands forains. Nos tables sont alignées le long du canal du nord, sous store, situation en prise directe sur le va et vient nautique, d'un silence à faire pâlir d'envie tous les capitaines de port et menu appétissant : friand, daube à la provençale, vin du terroir, coupe de fruits et café. Plus qu'il n'en fallait pour satisfaire à la fois les estomacs que nul mal au coeur n'a agressé, les papilles, les épouses, toujours pointilleuses. Bref, tout se passa dans de bonnes conditions si l'on en croit la rumeur publique. Après la table, le shopping et, enfin, la recherche de la voiture garée sur le vaste parking. Une journée pas tellement ordinaire que le programme avait laissé en pointillé. Dire que cette incursion est passée incognito serait purement un énorme, un immense mensonge !
Tous les participants ayant su retrouver leur véhicule, nous regagnons nos pénates, à savoir le camp Destremau. Certains se plaindront d'avoir la peau du crâne tendue, ils auraient du porter un chapeau, à défaut d'avoir un bonnet de marin !!!
20 h 30... Après un dîner "standard", un bus mis à notre disposition par la 9e BLBima nous embarque pour le spectacle nocturne.
Débarrassés du souci de l'orientation dans l'enchevêtrement des rues de Fréjus, nous pensions passer une soirée tranquille. Hélas, trois fois hélas ! Une faille de l'organisation (toujours pas localisée d'ailleurs) avait omis de nous doter des cartons d'invitation nécessaires à l'accès aux tribunes. La fête fut presque gâchée et il nous a fallu former un "maul" pour franchir le poste de contrôle de vive force puis l'intervention du colonel François Labuze (lui, nanti du précieux sésame !) pour que nous puissions nous asseoir. Vivement que les Arènes soient remises en service ! Beau récital de la Musique Principale et hommage émouvant aux camarades tombés en Afghanistan.
Lundi 1er septembre
Commémoration des combats de Bazeilles
Réveil matinal pour certains afin de rendre les bungalows, avant d'aller assister à la messe. Drapeau porté par Gilbert Jeanney. Puis prise d'armes, magnifique comme toujours depuis maintenant quelques années, au cours de laquelle notre camarade Jean Monnier, ancien du bataillon autonome d'infanterie coloniale du Maroc, a été fait Officier de la Légion d'Honneur.
A l'heure de passer sous la guitoune, pardon, à table, nouvelle anicroche dans l'organisation : notre détachement de 64 convives n'avait pas été comptabilisé sous la tente du RICM (nous avons reçu un mot d'excuses du président du comité d'organisation à qui nous pardonnons volontiers, il est nouveau dans le poste) et les places étaient donc chères (et il me semble bien que ce n'est pas la première fois)... Mais comme dans la Colo tout finit par s'arranger, chacun a pu s'asseoir pour ce repas de la famille coloniale. Et même si la mise en bouche et l'apéritif se sont fait désirer la fête fut réussie puisque le drapeau du régiment était là !
Les flonflons s'étant tus, nous n'étions plus qu'une petite dizaine le soir à Destremau dont le directeur a tenu à nous préciser qu'il y aurait toujours de la place pour nous, même si nous venons individuellement (mot de passe : ancien du RICM). Rendez-vous est pris pour 2013, avec, nous l'espérons, une plus forte participation des sections autres que la 7° et, surtout, d'autres organisateurs. Vous verrez, c'est hyper sympa Fréjus en Provence !