HOMMAGE AU SERGENT JEAN-MICHEL GEMEHL

Insigne opération Tacaud Insigne RICM Insigne 2e escadron

Allocution prononcée par le général Collignon, président national des Anciens du RICM

le 11 novembre 2010, à Kernevel, lors du dévoilement de la plaque portant le nom de Jean-Michel Gemehl

Le général Collignon à Kernevel

Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à tous les fils de France qui ont donné leur vie pour la Patrie, et plus particulièrement pour nous souvenir de l’un d’entre eux, le sergent Jean-Michel Gemehl.

Ce jeune sous-officier au caractère bien trempé est mort au combat il y a maintenant presque 32 ans et a failli entrer dans la catégorie des soldats inconnus, car nous avions tous oublié de faire porter son nom sur le monument aux Morts de la commune où il vivait.

Né le 31 septembre 1951, loin de la métropole, à Savannakhet au Laos, Jean-Michel Gemehl entre en service en novembre 1969 au 7e RIMa puis fait un séjour en Nouvelle-Calédonie. Après une interruption de service, il rengage pour 4 ans et rejoint le RICM et le 2e escadron. Chef d’escouade, ses qualités foncières lui valent d’être envoyé faire le Certificat Militaire du 1er degré. Il est nommé sergent le 1er août 1975 et doit sans aucun doute son poste auprès de son capitaine, à ses grandes qualités lorsque le 2e escadron est envoyé au Tchad en avril 1978. Il trouvera la mort au combat, après une série d’accrochages avec des rebelles toubous, pour la prise de contrôle du village de Salal.

Cet oubli est aujourd’hui réparé et je voudrai saisir l’occasion — au moment où nos jeunes camarades sont engagés dans un conflit particulièrement difficile, en Afghanistan — pour rappeler quelques vérités essentielles.

Lorsque l’on fait le choix de la carrière des armes, on le fait pour servir, là où les autorités politiques de la France décident d’engager son bras armé. Il n’appartient pas aux militaires de discuter du bien fondé de cet engagement. Par contre, il nous appartient de faire nôtre, la mission reçue et de mettre toute notre énergie, toute notre conscience professionnelle pour remplir au mieux la MISSION, quel qu'en soit le prix à payer.

Pris dans notre confort et nos petits, ou malheureusement parfois grands, soucis quotidiens, on en vient à oublier que malgré nos sentiments louablement pacifistes, le monde dans lequel nous vivons reste dangereux et que toute Nation a le devoir de se doter d’une force armée pour ne pas subir la loi d’idéologues fanatiques...!

Notre camarade Gemehl est mort dans ce contexte-là. La France, liée par des accords de défense avec le Tchad a répondu à une demande d’aide et a envoyé des troupes pour si possible montrer la Force, en espérant ne pas avoir à s’en servir. Tel ne fut pas le cas et dans cette opération nous avons perdu 2 jeunes camarades : le sergent Jean-Michel Gemehl et le caporal-chef Jean-Louis Fontaine.

Personne ne doit oublier leurs noms et c’est la raison pour laquelle, bien que tardivement, nous avons souhaité que les noms de nos jeunes camarades, morts pour la France, dans ce que nous appelons des Opérations extérieures, soient inscrits à côté de ceux de leurs anciens sur les monuments aux Morts.

Le RICM a toujours su répondre présent lorsque l’on avait besoin de soldats professionnels disciplinés, efficaces et animés par un strict sens du devoir, à l’égal de leurs anciens de la guerre de 1914-1918, du Rif, de 1939-1940 et 1943-1945, mais aussi d’Indochine et d’Algérie. En ce moment, le chef de corps est au Tchad avec une partie du Régiment pendant qu’un escadron se prépare à partir dans quelques jours pour l’Afghanistan.

Je voudrais que nous associons à la pensée que nous avons pour ceux qui nous ont quittés, les épouses et les compagnes de nos jeunes camarades qui ont perdu leurs maris ou leurs compagnons dans ces opérations, mais aussi celles qui voient partir fréquemment leurs maris ou leurs compagnons, pour ces missions difficiles et si mal comprises par les Français.

N’ayons pas peur de les encourager, de les soutenir en sachant qu’ils œuvrent pour la France.