Mon colonel
En 1949, la promotion Général Frère rejoignait Coëtquidan pour sa deuxième année.
J'étais affecté à la 4e section de la 1ère compagnie commandée par un certain lieutenant Canarelli. Ce fut une chance. Après avoir combattu de la Provence, où vous aviez débarqué avec le 21e RIMa, au-delà du Rhin de 44 à 45, vous aviez effectué un premier séjour en Indochine. Vous aviez compris deux choses : la guerre d'Indochine échappait aux schémas classiques, que l'on nous enseignait peut-être un peu trop; la guerre d'Indochine allait durer longtemps. Avec clarté et simplicité vous avez su faire part de votre expérience aux élèves-officiers de votre section qui allaient combattre dans cette terre lointaine.
Depuis cette époque, qui remonte à soixante ans, vous êtes resté attaché à cette promotion Général Frère qui a payé un lourd tribut à l'Indochine comme à l'Algérie. Vous avez gardé le contact. A chaque réunion de promotion vous répondiez présent avec votre épouse Noëlle, que ce soit à Saint-Malo, à La Rochelle ou à Nice.
La promotion Général Frère vous doit donc beaucoup et ses survivants garderont de vous un "grand souvenir" suivant la formule traditionnelle des saint-cyriens. Pour ma part, ce fut un très grand honneur de vous remettre la cravate de la Légion d'Honneur un 1er septembre (Bazeilles) sur la place d'armes de Fréjus. Dans les quelques secondes de cette remise de décoration, que de symboles !
Cette cravate récompensait les six citations reçues au cours des combats de la Libération, de l'Indochine et de l'Algérie. Car vous avez été présent partout où il le fallait au sein de cette infanterie coloniale que vous affectionnez tant.
Au cours de votre retraite dans cette belle cité de Nice, vous avez été un membre actif de toutes les associations dont vous étiez membre. J'ai pu apprécier votre soutien lorsque j'ai engagé le combat contre celles et ceux qui avaient sali la mémoire d'un autre marsouin glorieux, le capitaine Graziani, mort pour la France en Algérie.
Vous étiez un fidèle de l'Association des Amis du Musée des Troupes de Marine et un auditeur fidèle des conférences mensuelles de cette association.
Chère Noëlle, vous êtes entourée bien sûr de votre famille et de vos amis. Croyez que vous resterez également présente au sein de la grande famille coloniale come au sein de la promotion Général Frère. Une profonde amitié nous unit et nous sommes fidèles en cela à la devise du général Frère "j'obéis d'amitié".
Mon lieutenant, mon colonel, c'est avec une vive émotion qu'au nom de la grande famille militaire je vous dis Adieu.