DÉPART D'UN GRAND ANCIEN

LE GÉNÉRAL JACQUES POL NOUS A QUITTÉS

Insigne du 21e RIC INsigne du RICM Insigne du 43e RIC Insigne du 1er RIMa

Hommage prononcé par le général Collignon, président national des Anciens du RICM

au cours des obsèques du général Pol le 19 août 2010

Le général Jacques Pol en 2008

Mon général

Vous étiez une des figures emblématiques du RICM, car vous étiez le dernier commandant d’escadron de la campagne de 43-45 encore vivant.

D’une fidélité à toute épreuve, nous avions tous grand plaisir à vous retrouver, accompagné de votre épouse, lors de nos congrès et surtout lorsque nous commémorions à Seppois, l’entrée du RICM en Alsace, entrée dont vous avez été avec votre escadron un acteur essentiel.

Permettez-moi, mon général, de rappeler en quelques mots votre carrière d’officier colonial exemplaire :

En sortant de Saint-Cyr en 1937, vous rejoignez le 21e RIC avant de partir pour l’AOF et plus précisément la Haute-Volta puis le Dahomey.

La débâcle vous sera épargnée, mais en rejoignant la France, à la fin de votre séjour, vous êtes affecté au RICM en octobre 1941 et vous ne le quitterez plus avant 1946, participant activement à la transformation du Régiment en régiment blindé, prenant derrière le capitaine de la Brosse, le commandement du 4e escadron, avec lequel vous irez en Corse, à Toulon, Perpignan, Delle, Seppois, l’île Napoléon et l’Allemagne.

A l’issue de cette campagne, au cours de laquelle vous avez été cité deux fois, vous recevrez, en juillet 1945, la Légion d’Honneur des mains du général de Gaulle. Les termes de la citation à l’ordre de l’Armée qui vous a valu cette promotion, sont particulièrement élogieux et pour qui connaît le peu d’attirance du colonel Le Pulloch pour les citations, il est normal d’en déduire que vous avez été un commandant d’escadron exceptionnel et cela seul justifie la respectueuse affection que vos jeunes vous portaient.

Mais l’Indochine nous appelle et vous embarquez avec votre escadron pour un an, avant de rejoindre l’École d’État-major, puis de partir en bon colonial pour deux ans, de nouveau en AOF à l’EM du GCS à DAKAR. Vous raccourcissez votre séjour pour pouvoir repartir en Indochine de 48 à 50, comme chef du 3e bureau, avant de prendre la commandement du 3e Bataillon du 43e RIC. Dans tous ces emplois opérationnels, vos qualités de chef et de guerrier sont unanimement appréciées, puisque l’on retrouve les mêmes mots dans vos trois citations : sang froid, calme, sens tactique, courage , volonté ardente, énergie communicative.

Le besoin de vous perfectionner ne vous abandonne pas et vous préparez le concours de l’École de Guerre à laquelle vous êtes admis en 1955. A la sortie de ce temps de formation et de réflexion, vous rejoignez le 21e RIC, votre 1er régiment, à Montebello en Algérie et vous y gagnerez une nouvelle citation.

Mais pour le colonial que vous êtes, le moment de repartir OM arrive et vous voilà en 1958 en AEF, à l’EM du GCS pour deux ans.

En 1963, le commandement du 1er régiment de l’Arme vous est confié à Granville. Vos qualités vous vaudront — à l’issue de ce temps de commandement — d’aller à l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale en 1966, de rester un an professeur au cours supérieur interarmées avant d’intégrer le SGDN de 67 à 69.

Vous serez ensuite affecté comme chef de la délégation française auprès de LIVE OAK, organisme interallié stationné à Casteau en Belgique. Vous y recevrez vos étoiles.

Mais votre carrière s’achève : vous avez combattu partout où la France avait besoin de ses fils et vous êtes revenu de ces combats avec six citations et la cravate de la Légion d’Honneur.

Votre famille — nombreuse — qui entoure votre épouse aujourd’hui, ne vous a pas empêché de faire tout votre devoir.

A votre passage dans la 2e section des officiers généraux, vous vous retirez à Neuilly, où nous nous trouvons aujourd’hui. Cela vous a permis de militer fidèlement dans les rangs des Anciens, acceptant même, de prendre la responsabilité de la 1ère section, le temps que l’on, trouve en la personne du colonel Fiévet, un responsable de bonne pointure.

Au moment de vous dire A DIEU, permettez-moi de dire combien personnellement, je suis peiné par votre départ. J’ai toujours été frappé par votre gentillesse, votre modestie mais aussi par votre fidélité à ce Régiment qui vous aura incontestablement marqué. Et l’un de mes plus grands bonheurs aura été de vous permettre d’être reçu comme Grand-Officier de l’ONM et de vous voir décorer par votre ancien lieutenant le général Duval.

Votre départ n’est pas signe d’oubli, mon général, car nous gardons dans notre cœur et dans notre mémoire, ceux qui nous permettent de vivre libres aujourd’hui et nous aurons une pensée particulière pour vous lorsque nous irons à Seppois commémorer l’entrée du Régiment en Alsace.

Au revoir mon général