OBSÈQUES DE PIERRE BUQUET

En 1946, ce solide breton de 18 ans, exilé en Auvergne entend l'appel du grand large.

Il s'engage pour trois ans sous le signe de l'Ancre d'Or au titre du RCCC et pour l' Indochine, débarque à Saïgon le 1er mai 1947, rejoint le Cambodge puis est affecté au 4e escadron du RICM comme servant de mitrailleuse sur scout-car et rejoint le Tonkin.

Volontaire pour le Commando Roussel, il participe à l'opération "Léa" sur le fleuve Rouge et la Rivière Claire pour s'emparer de Tuyen Quang. Son commando durement touché par les pertes sera dissous et c'est au 2e escadron qu'il enchaînera les sanglantes ouvertures de route sur la RC4, "la route du sang".

Blessé, décoré de la Croix de Guerre des TOE avec deux magnifiques citations, il connaîtra la vie du poste isolé de Phuc Xa puis de nouveau Cao Bang.

Médaillé militaire, il est rapatrié en juin 1949 puis démobilisé.

Il évoquera longuement, jusqu'à ces jours derniers, le souvenir de ces petits miracles qui font la survie d'un soldat, l'explosion de vitalité et de violence, le trop plein d'émotion, les grandes joies de la camaraderie et la passion de l'âme vietnamienne.

Fort de tout ce que l'expérience a fait germer en lui en Indochine et avec le courage qu'il y a manifesté, il a superbement réussi sa vie professionnelle à Clermont-Ferrand.

Le général Jean Lagarde, notre ancien CEMAT et de l'Arme, le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

Fidèle à la Coloniale dès son retour en métropole, notre "Marsouin de 2e classe", statut dont il était si fier, n'a jamais manqué un rassemblement du RICM, de la Fédération nationale des Anciens d'Outre-mer et des Troupes de Marine, nous faisant partager, outre sa bonne humeur, sa forte et exigeante personnalité, son goût de la liberté et son refus des compromissions.

Il a fait sans peur sa dernière ouverture de route.

A Jeanine son épouse, à sa fille Martine et ses petites-filles jumelles va notre affection et l'assurance de notre très fidèle souvenir.