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L'ADIEU AU LIEUTENANT-COLONEL GÉRARD PISTOLET

Texte et photos Gilles Chiron et Alain Hénaff

Avec le décès brutal de notre camarade Gérard Pistolet, la famille du RICM vient de perdre l'une de ses figures les plus connues et représentatives de toute une génération. Le nombre et la qualité de ceux qui ont assisté à ses obsèques témoignent de la valeur de l'Homme et de ce qu'il représentait après avoir servi 22 ans et 3 mois dans les rangs du 1er Régiment de France.

Photo de Gérard Pistolet en août 2005

La nouvelle nous a tous plongés dans la stupeur ! En ce dimanche 12 février 2006, le 73e Congrès des Anciens du RICM venait à peine de s'achever. Bien évidemment, notre camarade Gérard Pistolet y participait comme président de la 3e Section des Anciens. En fin de journée, à peine arrivé à Lille où il devait passer quelques jours, il s'effondrait terrassé par une crise cardiaque... à 59 ans !

C'est donc avec une profonde tristesse partagée que les Anciens de la 3e Section, ses camarades, ses anciens chefs et subordonnés et ses amis se sont retrouvés à Vannes ce jeudi 16 février pour accompagner le dernier voyage du Marsouin. Pour manifester également à Jocelyne, son épouse, et à ses enfants le réconfort d'une communauté soudée par des sentiments communs et inaltérables.

Outre des représentations importantes du RICM, du 1er RIMa, de l'EAABC de Saumur et des Ecoles de Coëtquidan, nous avons relevé la présence de Mesdames Bentegeat, Hiliquin et Sartre, du général de Zuchowicz et son épouse, du général Kohn et son épouse, des généraux Leroy et Picot, des colonels Destremau, de Vivies, Héry, Parenty et de leurs épouses.

L'église Notre-Dame de Lourdes n'était donc pas trop grande pour recevoir les prières et l'ultime hommage dus à notre camarade. Au cours d'un émouvant office religieux, ses qualités d'homme, de mari attentif et de père aimant ont été rappelées. Fut également évoqué ce qu'il avait toujours représenté pour ceux qui l'avaient croisé à un moment donné de leur carrière : un modèle alliant rigueur, compétence, professionnalisme et prestance.

Obsèques de Gérard Pistolet : la sortie de l'église Obsèques de Gérard Pistolet : l'ultime adieu au cimetière

C'est au cimetière Calmont (route de Séné), devant les drapeaux des sections d'Anciens et un piquet d'honneur de marsouins de l'Escadron de Commandement et de Logistique du RICM que s'est déroulée l'ultime bénédiction avant la mise en terre de notre camarade. En cet instant, le général Collignon rappela que, tout naturellement en cette triste circonstance et suivant la tradition, Gérard Pistolet aurait souhaité que nous chantions l'hymne des Troupes de Marine. Ce chant fut donc entonné par tous ceux dont la fierté est de porter l'Ancre d'Or et qui l'accompagnaient ce jour-là vers sa dernière demeure.

Tous nos respects mon colonel... Adieu Gérard... !

Éloge rendu par le commandant André Millien

membre du Bureau de la 3e Section des Anciens du RICM

Mon cher Gérard,

Ta famille, tes anciens compagnons d'armes, tes camarades, tes amis, les coloniaux de tout grade d'hier et d'aujourd'hui, sont réunis ici pour te rendre un dernier hommage et un ultime adieu.

Tous sont venus pour témoigner la considération, l'estime et l'affection qu'ils portent au soldat, au chef militaire, au Président de la 3e section des Anciens du Régiment d'Infanterie Chars de Marine, à l'homme de caractère, d'action et de conviction que tu as été et dont il convient de retracer le parcours.

Né le 6 février 1947 à Écleux dans le Jura, tu décides à 18 ans de choisir le « Métier des Armes » et tu rejoins comme engagé volontaire le Groupement d'Instruction des Troupes de Marine, spécialité Blindé, le 1er mars 1965. Tu es admis le 5 juillet à l'École Nationale des Sous-Officiers d'Active de Saint-Maixent et tu en sors le 1er janvier 1966 avec le grade de sergent pour rejoindre l'École d'Application de l'Arme Blindée Cavalerie à Saumur. Stage et examen terminés, tu es affecté pour la première fois au 1er Régiment de France, le RICM, et tu rejoins Vannes le 1er avril 1966.

Le 2 mai 1968, c'est un premier séjour outre-mer et tu te retrouves au RIAOM à Fort-Lamy au Tchad. Tu participes au maintien de l'ordre dans l'Ennedi et le Tibesti avant de préparer et réussir sur place le Brevet d'Armes du 1er degré ABC/CLB. Tu es nommé sergent-chef le 1er janvier 1970. Séjour terminé, tu reviens au RICM pour la 2e fois, le 11 août 1970.

Photo de Gérard Pistolet en tenue à la fin de sa carrière

Titulaire du BMP2 CLB/FT, tu es admis dans le Corps des Sous-Officiers de Carrière et promu au grade d'adjudant le 1er novembre 1971. Admis au concours « B » dans le Corps des Officiers Techniciens, tu es nommé sous-lieutenant et affecté au 21e Régiment d'Infanterie de Marine à Sissonne le 1er juillet 1975 puis promu lieutenant le 1er août 1976.

C'est au 5e RIAOM à Djibouti que tu fais un second séjour outre-mer du 23 mars 1977 au 28 juillet 1979, date à laquelle tu rejoins Vannes pour une troisième affectation au RICM.

Tu es promu au grade de capitaine le 1er août 1981. Avec le RICM, tu effectues plusieurs missions extérieures. En République Centrafricaine d'abord, à Bangui et à Bouar, du 11 juillet au 12 décembre 1981. Puis au Liban, du 6 mars au 6 avril 1984 où tu recevras une citation élogieuse à l'ordre du Régiment par le général Datin, commandant les éléments français à Beyrouth.

Le 31 juillet 1985, tu repars à Djibouti pour ton troisième séjour outre-mer et cette fois au PC SOM/COOP. En fin de séjour le 1er septembre 1987, tu reviens pour la quatrième affectation au RICM à Vannes.

Le Diplôme d'État-Major de la 67e promotion t'est attribué le 1er janvier 1989.

Officier Technicien des Armes de l'Armée de Terre, tu es admis dans le Corps des Officiers des Armes le 1er avril 1990.

Du 22 juillet au 11 septembre 1992 une nouvelle mission extérieure te voit servir en ex-Yougoslavie.

Tu es promu au grade de commandant le 1er janvier 1993 et tu deviens Chef de Corps du Centre Mobilisateur n°96 à Béziers le 25 juillet 1994. A l'issue de ton temps de commandement, tu rejoins pour la 5e fois le RICM mais à Poitiers.

Tu es nommé au grade de lieutenant-colonel le 1er janvier 1999, ce sera aussi l'année de ta fin de service actif qui te ramène sur les bords du Golfe à Vannes. Ta retraite commence par cinq années comme Directeur de la Prévention Routière Départementale du Morbihan et en 2004 tu es élu Président de la 3e Section des Anciens du RICM.

Tu es titulaire de la Croix d'Officier de l'Ordre National du Mérite, de la Croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze, de la Médaille d'Outre-Mer avec agrafe « Tchad », de la Médaille de la Défense Nationale et de la Médaille ONU « ex-Yougoslavie ».

Tu nous quittes aujourd'hui Gérard, tu vas trouver le repos et la paix. Ta famille plongée dans le deuil te pleure et nous nous inclinons devant sa douleur ; cette douleur qui habite aujourd'hui tous ceux qui sont ici présents.

Au nom de tous ceux qui sont ici présents, de tous ceux qui t'ont aimé, apprécié, de tous ceux que tu as commandé, je t'exprime, mon cher Gérard, toute notre immense reconnaissance pour les services éminents que tu as rendus à l'Armée et à la Patrie. Nous nous inclinons devant ta dépouille.

Tous, ici, le coeur déchiré, nous te disons ADIEU !

Hommage prononcé par le général Collignon, président national des Anciens du RICM

Adieu Gérard Pistolet !

Vous nous quittez, Gérard, avant d'avoir terminé le magnifique travail que vous aviez entrepris à la tête de la 3e Section des Anciens du RICM. Ce n'est pas votre style, je le sais bien; d'autant plus que, prenant de vos nouvelles après votre première alerte, vous m'aviez assuré pouvoir continuer.

Je vous connaissais depuis 40 ans maintenant puisque nous sommes arrivés pratiquement en même temps, moi en juillet 65, vous en janvier 66. Et je vous retrouvais à chacun de mes retours dans notre maison. Vous y aurez passé pratiquement 20 ans, le temps d'y recevoir l'empreinte indélébile que le RICM laisse sur tous ceux qui ont la chance d'y servir suffisamment longtemps. Vous avez développé vos qualités fondamentales avec des chefs prestigieux comme le général Duval, le général Hiliquin, le général de Zuchowicz, le général Bentegeat, pour ne citer qu'eux.

Arrivé comme jeune sergent en 1966, vous avez, par votre travail et l'exploitation de vos qualités personnelles, gravi tous les échelons, occupés avec brio tous les postes opérationnels et administratifs que l'on vous a confiés. Vous aviez fait partie de l'équipée du RICM au Liban, y gagnant une citation alors que vous commandiez ce que l'on appelait alors l'ECS.

Je ne parle pas de vos séjours O.M. : Tchad et Djibouti qui faisaient de vous un officier colonial complet, mais tout cela vous a valu de voir vos états de service récompensés par la croix d'officier de l'ONM et nous espérions que cette année verrait la Légion d'Honneur concrétiser votre engagement.

Et tout cela avec votre calme, votre gentillesse et votre sourire chaleureux qui vont cruellement nous manquer maintenant.

Lorsque Jocelyne votre épouse, m'a prévenu dans ma voiture, de retour du congrès, j'ai eu le temps avant d'arriver jusque chez moi de vous revoir en pensée, de me remémorer l'accueil si chaleureux que vous réserviez à tous, jeunes et moins jeunes, lorsque nous venions au RICM, alors que vous étiez l'Officier supérieur adjoint, avant de prendre votre retraite. Et puis je vous revoyais prenant avec enthousiasme, la 3e Section en 2004. Vous n'aviez de cesse de lui donner une âme, telle que vous l'aviez découverte au RICM, ne ménageant pas votre peine, vous souciant des jeunes et des beaucoup moins jeunes. Vous avez su donner un nouvel élan, une nouvelle personnalité à ce groupe dans lequel je retrouvais à chacun de mes passages, l'esprit qui souffle dans ce Régiment magnifique, dont nous ne guérirons jamais. Certains pourront témoigner de ma profonde tristesse en même temps que de la leur.

Jocelyne, si vous saviez comme internet nous a apporté des témoignages d'amitié de quelques camarades qui ont servi avec lui, sous ses ordres ou qui l'ont eu sous leurs ordres. Je sais bien que les mots ne remplacent jamais personne, mais ils vous permettent de savoir que nous aimions tous Gérard, comme on sait s'aimer entre soldats. Et je suis sûr que lorsqu'il est arrivé Là-Haut, il y avait une cohorte d'Anciens pour l'accueillir, pour accueillir celui dont un ancien chef de corps me disait au téléphone « c'était un maréchal du RICM ». Vous même, vous vous étiez investie à ses côtés dans votre nouvelle famille et vous le faisiez avec une élégance et un sens de l'amitié qui nous touchaient tous beaucoup. Cette famille ne vous fera pas défaut, soyez en sûre. Restez à nos côtés comme nous resterons au votre.

Au revoir Gérard Pistolet, continuez à veiller sur nous tous, je suis certain que vous serez encore plus efficace de Là-Haut.

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