Texte Alain Hénaff
Photos Alain Hénaff, Gilles Chiron, RICM et X
Les 2 et 3 octobre 2008, au quartier Ladmirault, le RICM « incorporait » dans ces rangs une bonne quarantaine de phacos déjà bien blanchis sous le harnois, la tête pleine de souvenirs des temps anciens, mais encore alertes et bien décidés à se montrer à la hauteur d'un événement très attendu par tous depuis quelques mois.
Pilotées Gilles Chiron, avec le soutien efficace et sans réserve de notre cher RICM, ces retrouvailles de l'escadron Delort trente années plus tard nous ont permis de rencontrer des camarades perdus de vue depuis très longtemps, de confronter nos mémoires sur des souvenirs déjà lointains et plus simplement de partager, une fois de plus, de bons moments dans la plus grande décontraction.
Bien évidemment le 1er escadron d'aujourd'hui, commandé par le capitaine Le Gouvello, ne pouvait rester en marge de cet événement et nos jeunes camarades partagèrent avec nous quelques heures bien remplies.
Jeudi 2 octobre 2008
Dès le début de l'après-midi, peu à peu, les Anciens font leur apparition, accueillis avec sympathie et curiosité par le 1er escadron.
Et l'on se reconnaît, et l'on se congratule ! Bien sûr, certaines physionomies ont changé (toutes ?), quelques cheveux ont blanchi ou sont tombés mais dans les yeux se lisent déjà cette joie et cette complicité d'autrefois, entre membres d'un même équipage, d'un même peloton, d'un même clan aussi !
Les bonnes habitudes ne se perdant pas, à l'heure dite (16:30), il ne manque personne dans l'amphi du régiment où ont pris place Anciens et Jeunes. L'indescriptible brouhaha propre à ce type de manifestation laisse vite la place à un silence attentif pour accompagner les mots de bienvenue de notre ancien capitaine.
Puis, après quelques explications relatives au déroulement des prochaines 24 heures, nous entrons dans le vif du sujet.
Le général Delort rappelle les raisons de l'engagement de la France au Liban et les grandes lignes de l'action du 1er escadron pendant ses 6 mois de présence dans ce pays. Suivent ensuite les témoignages du général Claude Koessler - lieutenant chef de peloton, du commandant Patrick Demarchi - maréchal-des-logis-chef du Matériel (soutien) et du capitaine Maurice Roumégas - sergent-chef (2A); ces deux derniers évoquant plus particulièrement les problèmes du soutien et de la maintenance rencontrés par l'escadron d'AML en opérations.
Vers 19 heures, pour des raisons pratiques, nos jeunes camarades nous quittent; nous les retrouverons demain.
Mais nous, dans le feu de l'action, enchaînons avec le Tchad... il y a tant à dire ! Le général Delort reprend donc la parole avant que le général Alain Boulnois - lieutenant adjoint - intervienne pour livrer son témoignage.
20 heures : moins rustiques qu'il y a 30 ans, c'est avec un plaisir non dissimulé que nous nous dirigeons vers la salle à manger. Comme toujours l'équipe « Restauration » du régiment s'est montrée à la hauteur de l'enjeu ! Après le traditionnel pot, par affinité chacun s'installe et entre deux coups de fourchette... nous remontons le Mékong ou franchissons la Bitéa à sec !
22 heures : nous voilà de nouveau en amphi... pendant presque 2 heures nous allons encore évoquer le Tchad et tout ce qui y faisait notre quotidien... quelques paupières se ferment... certains auraient-ils déjà commencé leur nuit, enroulés dans une toile de tente à même le sable encore chaud ?
Bientôt minuit... chacun rejoint sa zone de bivouac, des images plein la tête !
Vendredi 3 octobre 2008
Enveloppées d'un léger brouillard, les premières lueurs du jour laissent cependant augurer une belle matinée. Elle débutera par une cérémonie militaire.
Le colonel François Labuze et une partie du régiment naviguant du côté de l'Écosse, le dispositif présent est aux ordres du lieutenant-colonel Bergamo, commandant en second.
A l'honneur, les Anciens font face au mât des couleurs, calots « tradition » de rigueur et décorations pendantes... voilà une fort belle troupe dans laquelle se remarquent, en tenue, ceux qui servent encore dans l'institution militaire ! Pour l'occasion, porté par Jean-Paul Belony, le premier fanion de l'escadron créé par le capitaine de La Seiglière, au Maroc en 1942, a quitté la salle d'Honneur pour prendre place sur le rang, symbole de continuité entre les générations. Monsieur Léonard de la Seiglière, fils aîné de ce capitaine, mort pour la France en Indochine, nous accompagne pour cette matinée.
Une fois les troupes passées en revue, le commandant en second lit la lettre de bienvenue rédigée par le chef de corps en mission.
Lecture de la lettre du chef de corps
Après la traditionnelle montée des couleurs ponctuée par une vibrante Marseillaise chantée à pleins poumons, s'avance avec émotion vers le centre de la place d'armes Gil Morizur (adjudant-chef en retraite, il servait comme caporal au peloton commando du 1er escadron). « Ouvrez le ban ! »... Le général Delort, son ancien commandant d'unité, lui remet la Médaille Militaire « Fermez le ban ! ».
Le général prend ensuite la parole pour s'adresser aux Anciens et aux Jeunes du 1er escadron puis, avec le lieutenant-colonel Bergamo, dépose une gerbe face au « Mur du souvenir » avant que ne résonne, dans la cour du quartier, cette sonnerie aux morts qui nous rappelle immanquablement tous ceux qui ont laissé leur vie dans les combats du RICM; pour nous, plus particulièrement en 1978 et 1979, les caporaux-chefs Christian Marie et Guy Parent.
Allocution du général Delort
Dès la fin de la cérémonie, Anciens et Jeunes se retrouvent pour une longue séance de « photos de famille » avant de rejoindre le foyer pour quelques minutes de détente autour d'un café bien chaud avant d'aborder l'activité suivante.
En effet, arrivent déjà les derniers moments de témoignages de cette rencontre. En deux rotations d'une heure, pendant qu'une partie des Anciens et des Jeunes du 1er escadron assiste à une projection de photos en amphi, l'autre partie se partage en deux tables rondes au cours desquelles de très nombreuses questions sont abordées.
Mais de l'AML60 ou 90 à l'AMX10RC revalorisé, de l'AN-VRC10 au PR4G, du vaguemestre que l'on guette impatiemment à l'arrivée du Transall au contact téléphonique ou par mail avec ses proches à des milliers de kilomètres, tout a tellement changé en 30 ans que pour les Jeunes marsouins de 2008 interrogatifs, ne débarquons-nous pas de Jurassic Park ? Au-delà de nos expériences et aventures diverses, le plus important n'est-il pas cette flamme qui ne nous a jamais quittés et que l'on transmet symboliquement aujourd'hui à ces jeunes soldats déjà dans le sérail et formés voire éduqués par leurs cadres actuels dans la plus pure tradition du RICM ?
Contraintes horaires obligent, il faut bien mettre un terme à ces chaleureuses conversations pour rejoindre la salle à manger où nous allons partager un dernier pot et le déjeuner avec une partie du 1er escadron.
Auparavant, le général Delort remercie le lieutenant-colonel Bergamo pour l'accueil reçu au Régiment. Puis, s'adressant aux Anciens, il leur donne rendez-vous dans cinq ans pour de nouvelles retrouvailles élargies à tous ceux qui servirent sous ses ordres au 1er escadron mais qui ne participèrent pas aux opérations du Liban et du Tchad avec lui.
Tout au long du repas, les conversations entre Anciens et Jeunes se poursuivent, animées et passionnantes, et seul notre Hymne entonné avec force y mettra fin. Nous prenons congé de nos jeunes camarades du 1er escadron 2008... bon vent et bonne mer à vous, les gars !
Il nous reste une dernière étape incontournable avant de quitter avec nostalgie le quartier Ladmirault : la visite de la salle d'Honneur et de la crypte que découvrent ceux qui viennent à Poitiers pour la première fois.
Voilà... c'est terminé ! Dernières poignées de main appuyées, derniers regards amicaux...
Pour ne pas manquer notre prochaine réunion, n'oubliez pas de nous communiquer vos coordonnées !
Pour joindre les Anciens du 1er escadron