Article Alain Hénaff et Gérard Rousel (pour le QQOQCP) - photos Gérard Roussel
Il y a seize ans, très exactement le 22 juillet 1995, le médecin-capitaine Éric Dorléans tombait mortellement frappé par un obus tiré délibérément contre ceux du RICM. Si personne n'a oublié cette tragique disparition, le témoignage de son sacrifice attendait encore d'être gravé à jamais dans la pierre : celle du monument aux Morts de Logonna-Daoulas où il repose auprès de ses ancêtres. Ce 11 novembre 2011 était tout indiqué pour rendre un émouvant hommage au soldat et au médecin mort pour la France.
A la demande du général Jean-Gabriel Collignon, empêché par ses activités nationales de président de la FNAOM, c'est le général (2S) Pierre-Richard Kohn qui le représente et préside donc cette mémorable cérémonie.
D'emblée, au risque de porter atteinte à leur modestie, il convient de signaler ici que c'est grâce à l'énergique et spontanée implication de quatre de nos camarades que cette journée a pu être parfaitement organisée et conduite à son terme avec sobriété et efficacité, dans la plus pure tradition de la vraie colo ! Merci donc à Gérard Roussel et Christian Soler, de la 3e Section de l'ANA RICM et à Jean-Yves Léost et Jean-Yves Mocaer, de l'AATDM29 pour leur engagement désintéressé.
Dès 09:30, une brève cérémonie privée se déroule au cimetière, sur la tombe du médecin-capitaine Éric Dorléans. Pour ce court moment de recueillement, tous ceux qui ont décidé d'être présents aujourd'hui se joignent à madame Isabelle Dorléans et ses trois filles.
Un peu plus tard, le père Louis Le Strat, un dynamique prêtre de 80 ans, ancien aumônier de la Royale, accueille tout le monde dans la petite église du village pour un officie religieux vécu dans une symbolique forte. Selon le rite liturgique, ce 11 novembre la messe dite est celle de la Saint-Martin, ancien légionnaire romain converti au christianisme dont les premiers pas en religion se déroulèrent à Poitiers. Par ailleurs l'évangile du jour est celui de Saint-Luc, patron des médecins et des services de santé. Moment propice donc pour évoquer le soldat et le médecin que fut Éric Dorléans, au sein du RICM aujourd'hui stationné à Poitiers.
Au cours de cet office, le père Le Strat lira également un témoignage poignant du père Didier-Michel Dehan, ancien aumonier du RICM; il avait cohabité pendant quatre mois avec le médecin-capitaine au cours d'une OpEx précédente.
C'est devant le monument aux Morts de Logonna-Daoulas que va se poursuivre cette journée commémorative ; en plusieurs phases.
Le dispositif se met en place avec un piquet d'honneur du 2e escadron, commandé par le sergent Fabien Scouarnec, les drapeaux dont celui de la 3e Section porté par Mikaele Matilé, une vingtaine d'Anciens du RICM, une quinzaine d'Anciens de l'AATDM29 et les Anciens combattants locaux. Le représentant du préfet maritime se trouve au côté de madame le maire et conseiller général Françoise Peron.
Avant le début de la cérémonie, monsieur André Ségalen, représentant les Anciens combattants locaux, prononce quelques mots de bienvenue à l'assemblée.
Après avoir passé en revue le piquet d'honneur, le général Pierre-Richard Kohn remet la Médaille d'Outre-mer à un Ancien de l'AATDM29. Probablement oublié par un chancelier distrait, l'adc (er) Pierre Gouas n'avait jamais reçu cette décoration malgré neuf années passées en Afrique comme méhariste et transmetteur. L'oubli a été réparé, en présence des petits-enfants de l'intéressé, grâce au travail attentif et minutieux de Jean-Yves Mocaer.
Le général Kohn prend ensuite la parole pour évoquer la mémoire du médecin-capitaine Éric Dorléans et les circonstances de sa mort (cf. texte ci-dessous).
A la suite de cette intervention, dans un respectueux et touchant silence, madame Françoise Peron et les trois filles d'Éric Dorléans dévoilent la plaque en mémoire du disparu. Pour l'éternité, les enfants de Logonna-Daoulas morts pour la France comptent un nom de plus !
C'est maintenant vers les morts de toutes les guerres que vont se tourner les pensées. André Segalen lit le message du secrétaire d'état auprès du ministre de la Défense avant que madame Françoise Peron ne prenne la parole à son tour. Trois gerbes sont ensuite déposées au nom de la municipalité, des Anciens combattants et de l'ANA RICM. Sonnerie aux Morts et Marseillaise concluent ce 93e anniversaire de l'Armistice de 1918.
Après le salut aux drapeaux, autorités, Anciens de tout bord et population se retrouvent dans la salle des fêtes, autour d'un pot offert par la municipalité.
Cette journée du souvenir se terminera par un repas pris en commun avec la famille et les amis d'Éric Dorléans, les marsouins du Régiment et nos camarades de l'AATDM29.
Nous laisserons le mot de la fin au père Louis Le Strat qui, dans un récent courriel soulignait qu'au-delà d'une "cérémonie empreinte d'une extrême solennité [...] ce fut une magnifique journée, pleine de chaleur et de chaude ambiance".