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QUELQUES HEURES DE LA VIE D'UN PARRAIN

L'ADJUDANT-CHEF LUCIEN BUONO RACONTE...

Texte Lucien Buono - photos Ivan Peyre

Sollicité par le chef de corps afin de parrainer un peloton de jeunes engagés, l'adjudant-chef (er) Lucien Buono, avec l'enthousiasme qu'on lui connait, avait accepté sans hésitation cette mission de transmission du flambeau.

Bien décidé à s'impliquer dans ce parrainage, dès le 11 avril il prend contact avec ses filleuls et passe presque trois jours en leur compagnie.

De manière spontanée et directe, il nous livre ici ses impressions et ses émotions. Laissons-lui la parole !

L'adjudant-chef (er) Lucien Buono

Mercredi 11 avril 2012 - 10:00. J’arrive au RICM où je suis accueilli par l’officier supérieur adjoint et présenté au chef de corps. A 11:30, je rejoins le 2e escadron. Je me présente au capitaine Barges et au lieutenant Nougayrede. C'est ensuite le déjeuner au self du Régiment avec tous les cadres du 2e escadron présents.

A 14:00, le lieutenant me présente son peloton et, tout au long de l’après-midi, je fais connaissance avec les jeunes recrues qui, dans leurs chambres respectives, préparent leur sac à dos pour la marche de nuit mais aussi leur tenue de cérémonie. Ce long moment de préparation me donne l'occasion d'un échange fort avec chaque jeune marsouin. En fin d’après-midi, je m'entretiens également tous les cadres du peloton. A 18:00, peloton au complet, nous allons diner au self du Régiment.

21:00 : départ pour la marche de 30 km. Je démarre avec le premier groupe commandé par le sergent Bénard. Je marche à côté du radio du chef de peloton, le marsouin Millard, un grand gaillard, solide, toujours souriant. Les kilomètres passent vite, la cadence est soutenue.

10 kilomètres ! Première pause ! Nous retrouvons le sergent-chef Combes, sous-officier adjoint. Sacs à terre; quelques gorgées d’eau pour se désaltérer; quelques fruits secs pour se restaurer.

J’attends le deuxième groupe commandé par le caporal-chef Laperle; la cadence s’accélère. Toujours en sous-bois, sur des chemins de randonnée ou sur des routes communales goudronnées. Le chef de groupe commande avec aisance et fougue. Aucun marsouin ne fléchit, aucun ne se plaint, tous avancent avec un sourire que l'on devine dans la nuit et je revois mes propres marsouins des années 70 ou 80.

Au 15e kilomètre, le chef de peloton change de radio et c’est le marsouin Chevalier qui assure maintenant la fonction. C’est son anniversaire, ses 18 ans ! Solide et déterminé, il ira jusqu’au bout avec son poste radio.

20 kilomètres ! Deuxième pause ! Comme au 10e km, on retrouve le sous-officier adjoint qui assure la logistique. Les marsouins se désaltèrent et j’attends le 3e groupe.

C’est le sergent Scouarnec qui le commande. Nous voilà repartis pour les 10 derniers kilomètres. La cadence demeure soutenue sur un itinéraire qui emprunte principalement des sous-bois. Cela faisait longtemps que je n’avais pas crapahuté de nuit; la dernière fois, cela devait être en 1986, dans la lande bretonne ! Les jambes commencent à fatiguer mais je n’ai pas le droit de ralentir la cadence : les jeunes me regardent. Pour eux aussi, je pense que c’est dur, mais personne ne se plaint.

A 3 kilomètres de l’arrivée, une côte à fort pourcentage se présente devant moi. Le lieutenant me prévient : il va falloir monter pendant 600 mètres ! C’est goudronné ! le radio est à mes côtés... je m’accroche... il s’accroche... son sac est trois fois plus lourd que le mien. A mi-pente, je lui dis qu’il se souviendra de ses 18 ans, de cette côte qu’il aura montée avec moi en serrant les dents. La cadence ne ralentit pas; il est 05:00; le quartier est devant nous... Tous les marsouins sont rentrés avec le sourire, aucun n’a eu la moindre défaillance. Je suis fier de mes filleuls !

Après une bonne douche, nouvelle tenue pour la cérémonie de remise des képis sur la place d’armes du Régiment. Ils sont tous là, beaux marsouins, prêts à recevoir leur képi avec l’Ancre d’Or. Les cadres du 2e escadron sont présents, derrière le commandant d’unité. Quelques cadres de l’état-major également. La remise des képis se déroule, je remets le sien au marsouin Millard, celui-là même avec qui j’ai parcouru les 15 premiers kilomètres. Le peloton repart en chantant vers la salle où nous allons prendre un petit déjeuner colo. Cela faisait bien longtemps qu'un verre de rouge et un oignon ne m'avaient servi de petit-déjeuner !

L'adjudant-chef Buono remet le képi au marsouin Millard L'adjudant-chef Buono congratule le marsouin Millard

Nous sommes jeudi, il est 08:30. Pour moi, c’est un peu de repos, pour les marsouins, c’est une journée répétition en vue de la cérémonie du lendemain.

Vendredi 13 avril - 11:00. Le grand moment est arrivé, je vais parrainer le peloton du lieutenant Nougayrede. La cérémonie commence. C'est avec fierté que je considère les marsouins qui me font face; ce sont les mêmes que j’ai commandés au Régiment lorsque j’étais chef de peloton.

Présentation au drapeau du régiment, puis remise des fourragères. Je remets les siennes au marsouin Marcy, lui-même fils d’un marsouin rencontré jadis en des contrées lointaines. Sur ma gauche, le chef de corps remet des fourragères, sur ma droite c'est le commandant d’unité. Je suis ému, les mains tremblent un peu. Que c’est dur de remettre ces fourragères aujourd'hui, moi qui en ai tant remis pendant des années. Cette remise-là présente une signification bien particulière; s'inscrit dans un autre contexte.

La cérémonie se poursuit par une remise de décoration à des cadres et des marsouins du 2e escadron.

Puis c’est le traditionnel défilé du peloton. Ils sont beaux et fiers, ils chantent fort et bien. Ils appartiennent maintenant à la grande famille du RICM.

Dans un cadre moins strict, séquence photos devant le mât des couleurs de la place d’armes et devant la tourelle de l'AML Cao-Bang ramenée de Salal et installée devant le 2e escadron. Tout un symbole pour moi et des souvenirs qui refont surface !

12:30. Nous nous retrouvons tous devant un buffet au mess du régiment. Les familles des marsouins sont présentes; les conversations vont bon train; je passe un très agréable moment.

Vers 16:00, le peloton va se mettre en civil pour profiter d'un week-end en famille; le premier depuis longtemps ! Le lieutenant me laisse leur adresser un dernier mot. Je leur redis ma fierté d’être leur parrain et les remercie pour ces heures merveilleuses et inoubliables passées près d'eux, avec eux.

L'adjudant-chef Buono et le peloton Nougayrede devant la tourelle de la Cao-Bang
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