DIMANCHE 23 OCTOBRE 2016

En cette fin d’après-midi automnal, c’est sous un magnifique soleil que les participants annoncés, venus des quatre coins de l’hexagone, arrivent les uns après les autres à l’hôtel du Tigre, le « camp de base ». Ils sont ainsi près d’une cinquantaine à afficher un large sourire, à exprimer cette joie de se retrouver, une fois de plus, afin de partager quelques heures de convivialité à l’ombre de la gloire de notre cher RICM.

Certes, les conditions météorologiques sont susceptibles de se dégrader mais cela ne va freiner ni l’ardeur, ni l’enthousiasme de marsouins qui en ont vu bien d’autres !

Après une installation rapide à l’hôtel, et afin de respecter un horaire calé au plus juste, tous embarquent dans un bus qui les transporte au quartier du 1er Régiment de Chasseurs tout proche, pour y dîner. Sur place sont déjà présents les détachements du RICM et du 5e RIAOM devant participer à la cérémonie nocturne.

Comme prévu, hélas, c’est sous la pluie que s’effectue l’embarquement et le déplacement vers Douaumont. Chacun s’est couvert en conséquence, les parapluies n’ont pas été oubliés… et ils vont servir !!!

Cette première partie soirée est consacrée au recueillement. Concélébrée par l’évêque de Verdun et l’aumônier du RICM, une messe du souvenir se déroule dans la chapelle de l’ossuaire tout juste assez grande pour contenir les participants en nombre, croyants ou pas ! Il s’agit ici de se souvenir de l’indicible sacrifice de toute une génération. Le ton de l’homélie est juste et celle-ci renvoie à l’actualité. Une belle messe !

Il faut maintenant affronter les éléments extérieurs hostiles. Il pleut d’abondance sur le cortège qui se met en place pour la marche aux flambeaux qui, de l’ossuaire, doit atteindre l’entrée du fort de Douaumont. Tambour en tête, à peine deux kilomètres à parcourir, sur le goudron, sur les traces de combattants qui furent en ces lieux confrontés à un terrain bouleversé, à la boue, aux trous d’obus remplis d’eau et à un épais brouillard.

Le fort est déjà là et le dispositif se met en place pour la cérémonie nocturne. Portés par Jean-Pierre Pré, Marcel Dartinet, Louis Weber et Éric Martin, les drapeaux de l’ANA RICM sont déployés. A leurs côtés, un peloton d’honneur du RICM, un peloton d’honneur du 5e RIAOM, composé en majorité d’anciens du RICM, les Anciens de l’ANA et les jeunes du collège Camille Guérin de Poitiers, encadrés par leurs professeurs. Sur les rangs également, les commandants d’unité du RICM avec leurs fanions. Enfin, l’ancien fanion du bataillon de tirailleurs somalis est porté et encadré par une garde en tenue de tradition… en vérité davantage adaptée aux tropiques qu’au climat meusien.

Après l’arrivée des emblèmes du RICM et du 5e RIAOM et les honneurs qui leur sont rendus, le général de division (2) Dominique Artur, président national de l’ANA RICM, prend la parole et apostrophe nos glorieux héros de 1916, leur affirmant que nous devons tout à leur sacrifice, exaltant par ailleurs le service du RICM (cf. texte intégral ci-dessous).

Il pleut toujours…

Les colonels François-Régis Jaminet et Xavier de Torquat, commandant respectivement le RICM et le 5e RIAOM viennent se placer devant les drapeau auxquels, de nouveau les honneurs sont rendus. Après le tour du dispositif, le colonel Jaminet décorent un lieutenant de la croix de la Valeur militaire puis un sergent et un caporal-chef de la médaille de la Défense nationale échelon Or avec une citation. Il remet également une lettre de félicitation à un autre sergent. Il prend ensuite la parole pour rappeler ce que furent les combats du RICM en 1916 et notamment celui qui conduisit à la reprise du fort de Douaumont.

Pour conclure cet hommage à nos grands Anciens de 1916, le général Artur et les colonels Jaminet et de Torquat déposent une gerbe au pied de la plaque commémorative, imités à leur suite par trois collégiens de Poitiers. L'appel du clairon « Aux Morts » résonne et s'amplifie dans cette nuit glaciale troublée par une pluie cinglante.

Ainsi s’achève, vers 22 heures 30, cette première journée consacrée aux combattants de Douaumont.

LUNDI 24 OCTOBRE 2016

Après une bonne nuit de sommeil, les Anciens envisagent avec philosophie cette nouvelle journée qui ne sera pas moins arrosée que la précédente. Mesures de sécurité obligent, il faut être très tôt à l’entrée du dispositif ; aussi dès 08 heures 30 le bus emporte son lot de marsouins et d’épouses vers Douaumont.

Il convient de préciser en cet instant qu’il n’est plus question de la quinquennale habituelle, ni de commémorer « entre soi » cette reprise du fort de Douaumont. La journée a été « récupérée » en haut lieu afin d'y associer et d’honorer les combattants d’outre-mer.

De 9 heures à 11 heures, il va donc falloir patienter et attendre l’arrivée des autorités ! Heureusement, une grande tente permet d’éviter la pluie qui va sournoisement accompagner cette cérémonie. Après les collégiens de Poitiers, arrivent les attachés de défense des anciennes colonies françaises mais aussi, peu à peu, les porte-drapeaux des associations qui ne seront pas loin d’une centaine.

A 10 heures, les troupes se mettent en place avec : la musique de l’infanterie, le RICM, le 1er RTir, le 1er RI, le 21e RIMa, gardien des traditions des Tirailleurs sénégalais et du drapeau du 1er RTS, le 5e RIAOM, gardien des traditions du bataillon somali, le 1er RA, le 19e RG et l’Armée de l’Air.

A 10 heures 30mn, le colonel Jaminet prend le commandement des troupes et les drapeaux s’avancent, celui du RICM au milieu du dispositif. Les honneurs sont rendus aux emblèmes. A 11 heures, le ministre de la Défense, accompagné du secrétaire d’État aux anciens combattants et du chef d’état-major de l’Armée de Terre, le général Bosser, arrive sur le site. Après les honneurs rendus au drapeau du RICM, ces trois autorités passent en revue les détachements impeccablement alignés, imperturbables aux intempéries. Avant l’allocution du ministre, un sous-officier allemand et un sous-officier français (du RICM) lisent chacun la lettre d’un combattant allemand et français de Verdun. Les autorités se rendent ensuite à l’entrée du fort pour un dépôt de gerbe. Après la sonnerie aux morts et la minute de silence, la Marseillaise est chantée a cappella par cinq membres du Chœur de l’Armée française, reprise par de nombreux anciens.

Il faudra attendre encore beaucoup de temps avant de pouvoir regagner, sous la pluie, le bus qui stationne non loin de l’ossuaire.

Il n’est pas loin de 14 heures lorsque les Anciens peuvent enfin se restaurer à l’ordinaire du GSBDD, dans le quartier du 1er Chasseurs.

A l’issue du repas, dans une salle prêtée par la BDD, il sera encore question de Douaumont pendant une quarantaine de minutes au travers d’une présentation documentée, réalisée par le rédacteur de cet article.

Ces vingt-quatre heures passées ensemble n’ont pas manqué de resserrer les liens de camaraderie indestructibles qui perdurent entre les Anciens de toutes générations. Si les participants à ces commémorations, souvent les mêmes, ont eu une pensée affectueuse ou compatissante pour ceux, très rares, qui avaient manifesté leurs regrets de ne pouvoir participer à ce moment fort de l’année, ils n’ont par ailleurs pas manqué de s’interroger sur l’absence des anciens chefs de corps et, plus généralement, de tous ceux qui, à la retraite, sans souci financier ou problème de santé, demeurent inexplicablement absents de toute activité commémorative de ce type, fût-elle à leur porte !

L’année 2017 sera consacrée au Centenaire de La Malmaison et du chemin des Dames… qu’on se le dise !