Prévue de longue date à l'instigation du général de corps d'armée (2S) Dominique Delort (capitaine commandant le 1er escadron en 1978) et en parfaite collaboration avec la municipalité de Saint-Pierre-sur-Dives, la cérémonie du jour se déroulera sur trois sites différents de la localité.

Au nombre des participants à cet hommage, monsieur le Maire, Alain Herbeth, et madame Véronique Daniel, chargée de la communication, monsieur Jean-Pierre de Boishebert, président de l'Union Nationale des Combattants du canton, une vingtaine de porte-drapeaux représentant les associations patriotiques, Maud, Claude et André Marie, sœur et frères de Christian, quelques sympathisants et une poignée d'Anciens du RICM.

C'est dans le quartier des Herbages neufs, au square portant le nom de Christian Marie, que tous se retrouvent. Le général Delort remercie tout d'abord la municipalité d'avoir donné une suite favorable au souhait émis de voir attribuer à un lieu de la commune le nom de notre camarade. Il rappelle ensuite brièvement les raisons de la présence française au Liban en 1978 et les circonstances ayant conduit à la mort de Christian Marie.

Rejoignant le cimetière où repose celui dont nous honorons la mémoire aujourd'hui, le cortège s'installe autour de sa tombe. André Marie, le frère ainé, prend alors la parole pour évoquer le drame vécu par toute une famille frappée par cette brutale disparition. Nous apprécions la grande humilité des propos, l'objectivité et la justesse du ton. Fidèle à son habitude, le général Delort s'adresse ensuite à Christian Marie lui signifiant, entre autres, qu'il demeure dans le cœur et la mémoire de tous ceux qui furent ses compagnons d'armes. Puis à tous, une fois encore, il rappelle combien cette mort au combat a profondément et durablement marqué les esprits. Un instant de recueillement et de prière vient ponctuer ce moment particulier de notre réunion.

Face au monument aux Morts situé au centre de la bourgade de 3 500 habitants, dans le brouhaha plutôt indifférent de la cité - il convient de le reconnaître - tous ont maintenant pris place. Davantage "officiel", le général Delort, dans son discours, s'exprime sur l'incontournable devoir de mémoire relatif aux Morts des Opérations Extérieures et sur l'hommage national annuel et unique à témoigner envers tous les Morts de tous les conflits. Dans sa réponse, monsieur le maire souligne son attachement à l'Armée française et à ses opérations menées au service de la Paix. Prenant à témoin ce monument sur lequel sont inscrits des dizaines de noms, il nous invite à ne jamais oublier le sens du sacrifice désintéressé de ces hommes, au nom de la Nation.

Le maire et les Anciens déposent chacun une gerbe avant d'observer une minute de silence.

Pour le traditionnel pot de l'amitié, c'est vers la salle des fêtes que tous convergent. Quelques mots de remerciements de part et d'autre, sincères et chaleureux, qu'il convient de renouveler ici à l'intention du premier magistrat de la commune, monsieur Alain Herbeth, et de ses administrés. Échanges également avec les soeur et frères de Christian Marie, touchés par notre fidélité à celui qui était et qui demeurera à jamais un membre de la famille du RICM.

Bien évidemment, nous reviendrons à Saint-Pierre-sur-Dives, entretenant l'espoir jamais découragé d'y rencontrer davantage de camarades qui, pour se souvenir et partager, oublieraient pour une journée leurs préoccupations quotidiennes.

Né à Mézidon-Canon (Calvados) le 23 avril 1955 et appartenant à une fratrie de huit enfants, Christian Marie fête ses 18 ans alors qu'il se trouve déjà au camp de Meucon, engagé au RICM depuis une vingtaine de jours.

Classé parmi les meilleurs de sa promotion, il est désigné pour suivre le stage de tireur sur AML. Il obtient ainsi le BMPE de la spécialité puis par la suite, dans le cadre d'une double qualification, le CTE pilote AML.

En novembre 1974, il est nommé caporal et sert au 1er escadron. En octobre et novembre 1977, avec son unité, il participe à l'opération Lamentin (prépositionnement à Dakar en vue d'une intervention sur la Mauritanie). Venant en confirmation et récompense de ses compétences acquises, le grade de caporal-chef lui est attribué à compter du 1er janvier 1978.

Le 23 mars, avec le 1er escadron, dans le cadre de l'opération Hippocampe, il embarque sur la Bidassoa. Destination le Liban en proie à une guerre civile meurtrière.

Le 2 mai 1978, à l'âge de 23 ans, servant comme radio sur la jeep de son capitaine, il tombe au champ d'honneur au cours d'un combat imposé au 1er escadron dont la mission était l'interposition entre camps adverses. Il fut le 1er "casque bleu" du RICM à perdre la vie, pour la France et au service de la Paix.

Discours du général Delort, prononcé au Monuments aux Morts.

La France depuis la loi de février 2012, votée à un très large consensus, honore tous les Morts pour la France le jour de la célébration de la Victoire et de la Paix, le 11 novembre de chaque année.

Une plaque portant le nom des soldats tombés en OPEX doit être placée sur tous les monuments aux Morts. C’est déjà le cas ici pour Christian Marie depuis le 8 mai 2009.

En effet, nous, les Anciens du 1er escadron du RICM, avions demandé fin 2007 qu’une plaque soit apposée sur ce monument et le conseil municipal avait pris une décision en ce sens et l’ensemble de la communauté des anciens combattants de la ville s’était jointe à la cérémonie du 8 mai 2009.

Mais plus avant, c’est la mort de Christian Marie au Liban et celle de son camarade Guy Parent quelques mois plus tard au Tchad qui m’a profondément marqué dans ma réflexion sur la mémoire que nous devions avoir des Morts pour la France dans toutes les opérations en Afrique, au Moyen-Orient et, plus récemment, dans les Balkans et en Afghanistan, comme nous devions l'avoir de celles des tués de tous les conflits précédents.

Quand en 2010, en tant que président du Comité d’entente où se retrouvent les présidents d’une soixantaine d’associations patriotiques et du monde combattant, dont le Souvenir Français et l’UNC, j’ai lancé le projet de faire du 11 novembre la date où les Français honorent tous les Morts pour la France, j’avais en tête, au premier rang, mon radio Christian Marie.

Son sacrifice pour la France a donc eu aussi pour conséquence de me pousser, de nous pousser, à nous engager dans un projet qui a fini par convaincre les plus hautes autorités politiques mais aussi la très grande majorité des parlementaires, de gauche comme de droite.

Ainsi, la mémoire de Christian Marie a eu un rôle dans l’aboutissement de ce grand projet devenu une loi pérenne et parfaitement acceptée d’une très large partie des Français. A ce titre, je veux ici saluer la mémoire de la présidente du comité du Souvenir Français de Saint-Pierre-sur-Dives qui, en 1978, m’avait donné un exemple éclatant de l’attachement des habitants de votre ville à la France et à ses soldats.

Habitants de Saint-Pierre-sur-Dives, vous pouvez garder avec fierté le souvenir de votre concitoyen en ayant une pensée pour chaque soldat qui continue à mourir pour que la France remplisse efficacement et dignement ses engagements dans le monde. Aujourd’hui, associons dans notre souvenir le caporal-chef Christian Marie du RICM, mort le 2 mai 1978 au Liban, et le caporal-chef Stéphane Duval du 1er RPIMa, mort le 29 avril au Mali.